Dans le cadre de leur activité d’étalonnier public, les haras nationaux participent à la première étape de la production d’un cheval, la conception.
À cette fin, ils achètent des étalons, les entretiennent et les mettent à disposition des éleveurs.
Les étalons sont sélectionnés sur leur morphologie, leur ascendance, leurs performances – par exemple en course ou en compétition – et testés ensuite sur leur production. Ils représentent un patrimoine génétique de très grande valeur.
Graphique établi à partir des registres de monte et des rapports d’activités. [Arch. dép. Aveyron, 1148 W 391-397, 900 W 76-77]
Le dépôt est formé de dix étalons qui proviennent de l’élevage du comte d’Altamira en Andalousie. En janvier et février 1806, le dépôt compte 20 étalons, la plupart espagnols. En 1807, L’Ẻclair est le premier étalon de race arabe à rejoindre le dépôt.
Entre 1807 et 1825, il existe une jumenterie, formée à l’origine avec quatre juments poulinières de race arabe ramenées en France par l’armée d’Ẻgypte. À partir de 1812, le domaine de Cambonil, constitué de deux prairies et situé au nord de Rodez, est loué à M. Delauro pour les juments et leurs poulains. Des baudets entrent dans les effectifs de 1816 à 1829.
Avant 1909, le dépôt comprend quelques pur-sang anglais, 50% d’anglo-arabes et 50% de normands.
→ en savoir plus : Le dépôt d’étalons de Rodez devient haras (1807-1825)
Les conseils généraux de l’Aveyron et du Tarn, les communes dotées d’une station de monte ou les éleveurs, sollicitent régulièrement les directeurs du dépôt de Rodez pour obtenir des étalons de trait. Longtemps, ils n’y sont pas favorables. Pourtant au début du XXe siècle, ils cèdent et, en 1909 les premiers étalons postiers bretons sont introduits dans les effectifs du dépôt. L’élevage se modifie. L’évolution est telle qu’en 1911, il existe une « crise de l’élevage de sang » : la jumenterie de sang disparaît peu à peu au profit de l’importation de juments de trait, souvent de Bretagne, d’essence commune. Les étalons appartenant à des particuliers sont souvent préférés à ceux de l’Ẻtat parce qu’ils ont un « gros volume ». Les bonnes écuries de demi-sang du Tarn (Azaïs, Dubois-Godin) disparaissent ainsi que l’important élevage de pur-sang du comte de Lastours qui cesse à partir de 1933. De 1926 à 1958, le dépôt de Rodez ne compte plus que des étalons de trait : postier breton, breton, ardennais, percheron.
Importés du berceau de la race poitevine, des baudets intègrent le dépôt. Le premier arrive en 1929. En 1932, ils sont 12 puis 16 en 1938. Ils permettent d’améliorer nettement en qualité les muletons. Avec la création en 1929 du Syndicat hippique et mulassier du Tarn, ce département s’oriente spécialement vers cette production. Après la Seconde Guerre mondiale, la production mulassière diminue nettement dans la circonscription.
Kili de Saint-Didier. Trait breton, alezan, par Gandin BR et Petite Soeur BR par Durtol BR. Né en 1998, cet étalon fait la monte de 2001 à 2013 au centre technique de Rodez. [Haras national de Rodez]
Gaspard de Cuja. Baudet du Poitou, bai brun, par Acteur BDP et Candizzy Cuja BDP par Olifan BDP. Né en 1994. Photographie couleurs. [2012-2013]. [Coll. particulière, Claudette Bruna]
En 1959, le dépôt de Rodez compte à nouveau un étalon de sang anglo-arabe ; ils sont 7 en 1968. Le développement des sports équestres et de l’équitation de loisir permet de relancer l’élevage de selle menacé de complète disparition avec la fin des régiments de cavalerie légère et l’essor des transports ferroviaires et routiers.
La jumenterie se reconstitue dans la circonscription : en 1974, il y a plus de 200 poulinières de sang (anglaises ou anglo-arabes). Les éleveurs peuvent ainsi avoir à leur disposition les anglo-arabes Harpagon, Marcellus pour les plus anciens, puis Licteur, Vanneau E.C.H. et Le Galop E.C.H. Leurs produits « ont tous en commun d’être rustiques, solides et trempés. C’est d’avoir été nourris de l’herbe tonifiante des Causses qui leur donne cette trempe incomparable, et ce squelette « en fer » ; c’est d’avoir été élevés le plus souvent dehors, notamment sur les hauts pâturages de l’Aubrac ou de la Margeride, sous un climat rude et sain, qui leur donne cette rusticité et cette solidité que recherche l’utilisateur » (Raymond Pagès, président du syndicat des éleveurs de chevaux de selle de la circonscription de Rodez, catalogue de vente des chevaux de 1971).
Harpagon. Anglo-arabe, bai, par Raimu AR et Farceuse AR. Photographie noir et blanc. 1971. [Arch. dép. Aveyron, 1148 W 374]
Muscat. Ẻtalon Anglo-arabe présenté en main par Roland Vialaret au Haras national de Rodez. Photographie couleurs. Mars 1983. [Coll. particulière, Dr François Séguy, cliché n° 185 29 1]
Registre matricule des étalons du dépôt de Rodez (1937-1971). Page ouverte sur Artilleur, baudet du Poitou, entré en 1947 et mort en 1957. [Arch. dép. Aveyron, 1148 W 355]. De son arrivée à son départ du dépôt, l’étalon est inscrit et suivi dans le registre-matricule.
Les origines des chevaux, une fois constatées, sont publiées dans les Stud-books. Ces livres généalogiques, qui recensent tous les animaux d’une même race, sont nécessaires au travail de sélection. Ils sont gérés en France par le système d’information relatif aux équidés (SIRE). Le premier est créé en France en 1833.
Carnet de monte pour la station de Villefranche-de-Rouergue (dép. Aveyron). 1894. [Arch. dép. Aveyron, 1163 W 603].
Dans les années quatre-vingt et quatre-vingt dix, il y a autant d'étalons de sang que d'étalons de trait dans les effectifs du dépôt. Un poney ariégeois de Mérens Perceval de Castelmir est attribué au dépôt de Rodez pour la monte de 1985. L’élevage des chevaux de sang en Aveyron est exclusivement orienté vers la production de chevaux de sports et de loisirs. La production de chevaux de courses est quasiment inexistante à l’exception de quelques produits de race arabe issus de l’étalon Dormane au début des années quatre-vingt dix. L’élevage de chevaux de races lourdes se maintient grâce à une réorientation vers la production de viande de cheval.
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