Memphis, Zénobie, Fatime et Momie, quatre juments poulinières, de race arabe, ramenées d’Ẻgypte, arrivent à Rodez le 20 janvier 1807, en mauvais état, après avoir séjourné dans d’autres haras où elles ne se sont pas acclimatées. Elles sont rejointes par Gazelle en 1807 et saillies par les étalons du dépôt. Elles donnent naissance à des poulains dès 1808.
Juments et leurs poulains dans la carrière en herbe du Haras national de Rodez. Photographie couleurs. 9 août 2004. [Haras national de Rodez].
« Dépôt d’étalons de Rodez : monte de 1808 », article de Louis-Joseph de Patris dans Feuille villageoise, 1808.
« Il ne sera pas inutile de faire connaître au public l’état des jumens (sic) arabes, envoyées l’année dernière de Pompadour à Rodez, comme pour nous apprendre que le Limousin si vanté pour ses chevaux sera peut-être inférieur à notre département, sous ce rapport, dès que les aveironnais (sic) le voudront. Bien des gens savent que ces bêtes, à leur arrivée, furent la risée de tous ceux qui ne détournèrent pas les yeux d’horreur, en les voyant. Les mêmes personnes, trois mois après, admirèrent la grâce et la légèreté de leur galop, dans la prairie voisine de la promenade publique, où elles furent mises au printemps. Quel secret employa-t-on pour les rappeler d’un état si voisin de la mort ? une dépense excessive ? non : mais des soins ; et quoi plus ? des soins. Les soins ne coûtent rien et peuvent beaucoup rapporter. On fit pour ces bêtes ce que tout propriétaire fait pour une jument qu’il faut remettre. Un mélange de paille et de foin, par égale part ; quelque poignées de bon son dans leur eau ; la propreté ; le pansement assidu ; quelques promenades ; un bon pâturage dès que la saison le permit : voilà tout ce que l’on fit pour elles. Saillies à la fin d’avril, elles ont donné leurs productions dans le courant de mars. Dans la crainte que des juments si étrangères à notre climat ne fussent pas de bonnes nourrices, on leur donna aussitôt après le part, une meilleure nourriture. (…) On laissa les poulains têter le premier lait, au contraire du préjugé pernicieux d’après lequel on a généralement dans ce pays l’usage de le traire. On les a préservés avec soin de la pluie pendant les premiers jours, et puis on les a abandonnés à la nature qui les a secondés au-delà de toutes nos espérances. Dès qu’ils ont témoigné de l’appétit pour le fourrage sec, on leur a donné un peu de foin bien choisi mêlé de beaucoup de paille. Ils ne mangeront jamais de foin pur. Dans les premiers jours du sevrage, un peu de farine d’orge dans leur boisson remplacera le lait. Ils n’auront point de grains secs avant trois ans. Il ne sera peut-être pas inutile de répéter encore une fois le mot propreté, tout en craignant qu’on n’ait point égard à cette recommandation, la plus importante de toutes, et en nous résignant d’avance. Son Excellence le ministre de l’Intérieur a été si satisfait du rapport qui lui a été fait sur le troupeau de jumens (sic) de Rodez, qu’il vient d’enrichir notre petit haras de deux bêtes de race arabe pure, nées en France ».
[Arch. dép. Aveyron, PER 753, Société d’agriculture de l’Aveyron, imp. Carrère, Rodez, 1808, p. 21-24].
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