"Mettez votre impôt dans un mouton. Pas d’argent pour exproprier le Larzac". Affiche couleur. Les impressions modernes Briare. 40x 60 cm. s.d. [Arch. dép. de l'Aveyron, Fonds Runel B44]
C’est un groupe non-violent d’Orléans qui est à l’initiative en 1973 de « l’objection fiscale ». Le groupe propose de retirer 3% du montant de l’impôt alloué à l’armée et de verser cette somme à l’association pour la promotion de l’agriculture du Larzac. Cette objection fiscale s’inscrit dans un processus de désobéissance civile. Un autre exemple mis en oeuvre, le renvoi de livrets militaires qui s’est opéré à la même période et qui était considéré comme une objection à l’armée de réserve.
En 10 ans, plus de 3000 personnes pratiquent l’objection fiscale et environ un million de francs sont récoltés permettant la réalisation de nombreuses installations agricoles et d’aménagement de chemins. Cette objection fiscale permet d’alimenter les caisses du Larzac et d’aider des agriculteurs en difficultés économiques. Elle permit également la construction illégale de la bergerie de la Blaquière. Ainsi, l'éleveur de brebis Auguste Guiraud qui possédait une bergerie en ruine sur sa propriété se trouvait dans la zone d'extension du camp. Avec l'association pour la promotion de l'agriculture sur le Larzac, il décide de construire une nouvelle bergerie, avec l'aide de nombreux bénévoles.
Véritable coup médiatique, cette bergerie construite sans permis de construire est le symbole de la résistance des paysans travailleurs. La bergerie est inaugurée le 16 février 1974. Ce défi face aux autorités s’ajoute aux autres provocations comme faire entrer des brebis à l’intérieur de la salle d’audience du tribunal de Millau.
C'est également pour combattre l'administration sur son propre terrain que les opposants à l'extension du camp créent le GFA Larzac 1 en 1973. Ce Groupement Foncier Agricole est une société civile immobilière qui administre exclusivement un patrimoine à destination agricole.
Le GFA permettait d’acheter des terrains stratégiques et indispensables à l'armée dans la zone d'extension. Le financement de ces acquisitions se faisait par la vente des parts sociales GFA aux sympathisants.
Véritables instruments de lutte, les GFA ont permis de limiter les ventes amiables proposées par l’administration, préalables à l’expropriation. Ainsi les procédures administratives d’acquisitions des terres étaient retardées. Environ 3500 militants de la France entière ont souscrit au GFA de 1973 à 1981.
"Vue générale du chantier". Marche sur la « Blaquière » le 26 août 1973 à 14h30 pour une visite de la bergerie en construction illégale. Marche sur le Larzac : 25-26 août 1973 des paysans travailleurs.Photographie noir et blanc. Dépliant photographique. Rodez septembre 1973. Le directeur Départemental des Polices Urbaines de l’Aveyron. [Arch. dép de l'Aveyron,1368W121]
"Larzac-La Blaquière-Bergerie du GAEC". Photographie noir et blanc. 27 juillet 1973. [Arch. dép. de l'Aveyron, Fonds Sudres B6J1]
"Larzac- Le troupeau de Mr Guiraud est conduit à la bergerie de la Blaquière". Photographie noir et blanc. 3 mars 1972. [Arch. dép. de l'Aveyron, Fonds Sudres B6J1]
Le mouvement va recevoir un soutien de poids de la part de Lanza del Vasto un disciple de Gandhi, qui va permettre l’instauration d’un mouvement contestataire non-violent.
Ce dernier va proposer des actions non-violentes telles que le jeûne, ce qui va permettre au mouvement d’attirer les faveurs des médias ainsi qu’une adhésion populaire plus importante.
On retrouve cet esprit dans cette affiche dont le titre « Moutons pas de canons » appelle à la non violence et de par son visuel qui représente un mouton personnifié avec un chapeau et une veste, symbole lui aussi de la douceur et de l’innocence.
A la même époque, le 28 mars 1972, « le serment des 103 » est confirmé. 103 agriculteurs sur les 107 menaçés par l’expropriation s’engagent à ne pas quitter leurs terres et refusent de céder aux achats des terres. Ils se sont liés pour lutter contre l’extension du camp militaire qui les touche totalement ou partiellement.
Un peu plus tard, en 1975, le Cun (coin en occitan) va être créee. C'est une association issue de la résistance non-violente des paysans du Larzac à l’extension du camp militaire. Elle a comme mission principale d’accueillir des personnes inscrites dans une démarche solidaire, à la recherche de rapports sociaux différents. Lieu de créativité, elle est aussi un centre de recherche et de formation sur les différentes formes de non-violence, et sur l’écologie.
Une résistance locale pacifiste de la population rurale mais également urbaine se forme autour de la lutte contre le projet d’extension du camp militaire, considéré comme injuste et non fondé.
"Larzac. Résistance (Moutons pas de canons-La terre aux paysans)". Affiche couleur bleu. Imprimeur: J. Bourgeois Orléans. 40x60cm. s.d. [Arch. dép. de l'Aveyron, Fonds Runel B353]
"Larzac. Résistance (Moutons pas de canons-La terre aux paysans)". Affiche couleur jaune. Imprimeur: J. Bourgeois Orléans. 40x60cm. s.d. [Arch. dép. de l'Aveyron, Fonds Runel B353]
"Lanza del Vasto jeûnant avec Pierre Lambert, un journaliste". Photographie noir et blanc. 25 mars 1972. [Arch. dép. de l'Aveyron, Fonds Sudres B6J1]
Archives départementales - 25 avenue Victor Hugo - 12000 Rodez