Brûler des livres.....brûler délivre...
Les livres subissent un processus d'abandon dont aucun d'entre nous ne peut présager les conséquences....Vénérés tout autant que délaissés, ils contiennent la mémoire de nos erreurs et de nos conquêtes....mon rapport au livre est celui d'une embaumeuse....En le brûlant, je le ramène vers son jardin d'Eden, la forêt. Elle choisit ses ouvrages intentionnellement pour servir de matière première. Là est l'un des principaux intérêts de son art : alors que le livre est censé être un produit fini, il devient la base de son travail. Elle cherche, réfléchit à chaque goutte de verre liquide qui imbibe le papier avant d'être brûlé, à la violence du feu s'oppose la délicatesse de la création, de la mise en place de chaque goutte d'or qui illumine discrètement ses oeuvres.
Devant nous, c'est une écorce d'arbre brûlée qui est exposée, les reliefs, la texture, tout nous pousse à y croire. Pourtant, lorsqu'elle nous invite à aller plus profondément, le livre se dévoile enfin à nous.
Les archives ont pour mission de conserver la mémoire, qu'elle soit individuelle ou institutionnelle. Cette mission nous a été dévolue et en donnant à Mathilde Poulanges une collection incomplète du Livre d'Or de l'Aveyron (soldats aveyronnais, morts durant la première guerre mondiale) nous avions l'espoir qu'elle ravive par le feu leur mémoire. Mission parfaitement accomplie ! La lettrine "A" reproduite d'après un document d'archives tend à identifier son appartenance à notre département mais aussi à son commanditaire. L'aspect est irréaliste, l'effet incroyable, cet arbre que nous percevons est un livre !
Il débute par des dessins et peintures paysannes, en 1977 son style se transforme radicalement et aboutit aux peintures fantastiques, grands paysages oniriques aux couleurs flamboyantes et au dessin très personnel réalisés uniquement sur papier. Parrallèlement, il alterne dessins au stylo bille et au crayon gras estompé. Cette nouvelle période commence par l'élaboration de livres uniques de grand format (50x70x6cm) qu'il réalise entièrement depuis le texte et le dessin jusqu'à la reliure.Sa technique alliant une grande maitrise du dessin à une imagination débordante l'amène à n'utiliser que le stylo bille rouge et noir.
Fin 2003 Le grand livre de l'oisofer voit le jour, il est unique tant par son format que par son histoire, ses dessins et l'inachèvement de sa reliure. Il n'en existe qu'un exemplaire, jalousement gardé par son créateur !
Archives départementales - 25 avenue Victor Hugo - 12000 Rodez